Par François Blais
Député de Charlesbourg, Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Source : Le Journal de Québec
Dans deux chroniques récentes, Joseph Facal s’est attaqué au rôle que l’immigration joue et continuera inévitablement de jouer dans l’économie québécoise au cours des prochaines années.
La pénurie de main-d’œuvre que la plupart des régions du Québec connaissent constituerait, selon lui, un autre « mensonge » fomenté évidemment par le PLQ, à la recherche de nouveaux électeurs, et par un patronat avide de main-d’œuvre bon marché.
La rareté de main-d’oeuvre et ses conséquences économiques
Emploi-Québec affiche aujourd’hui plus de 83 000 postes à combler et le nombre de postes vacants de longue durée a dépassé la frontière des 13 400 postes ! Il existe un fort consensus (et oui !) pour reconnaître les besoins urgents de main-d’œuvre au Québec.
Ce consensus est partagé tant par les milieux patronaux que syndicaux et communautaires. Le PLQ n’a rien inventé ! Et la rareté de la main-d’œuvre est particulièrement vive et douloureuse à l’extérieur de Montréal, dans les régions, là où la baisse démographique frappe le plus fort.
La nécessaire contribution de l’immigration à l’économie québécoise
Le 25 mai dernier, j’ai présenté la réponse de mon gouvernement à cet important défi économique : la première Stratégie nationale de la main-d’œuvre qui a été fort bien reçue. Aucun propos alarmiste ne s’y trouve.
Les risques en termes de diminution de notre richesse collective sont cependant réels comme l’ont rappelé encore récemment le FMI et l’OCDE. De plus, la Stratégie ne propose aucun rehaussement du nombre d’immigrants reçus. Il y a encore un potentiel à exploiter du côté de leur répartition régionale (et oui, les régions demandent aujourd’hui à recevoir leur « part » d’immigrants !) et une plus grande adéquation avec les besoins des entreprises.
Un enjeu de la prochaine campagne électorale ? Certainement !
La contribution des immigrants québécois sur le marché de travail n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui. En fait, cette année, leur participation en proportion de leur nombre a dépassé pour la première fois celle des natifs, ce qui prouve qu’ils ne constituent pas un poids, mais plutôt un actif indispensable pour l’économie du Québec.
Emploi-Québec évalue que 22 % des emplois disponibles au cours des prochaines années devront être comblés par l’immigration. Bien entendu, il reste encore des gestes à poser pour favoriser une intégration plus rapide sur le marché du travail, une meilleure reconnaissance de leurs qualifications et un meilleur usage de leur potentiel.
Ces lacunes bien réelles, qui ne sont pas uniques au Québec, ne doivent cependant jamais nous faire oublier qu’au Québec le taux de participation sur le marché du travail des immigrants demeure plus élevé qu’en Ontario et que la moyenne canadienne. Ça aussi, c’est du jamais vu ! Alors qu’ils n’ont jamais été aussi présents et nécessaires à notre bien-être collectif, la CAQ propose de diminuer du tiers (10 000 sur environ 30 000) le nombre d’immigrants économiques que nous recevons annuellement. Cette proposition ne repose sur aucune justification rationnelle… aucune si ce n’est la volonté de nourrir encore une fois l’anxiété face aux étrangers.
Je rappellerai seulement que la stratégie identitaire a bien mal servi une certaine formation politique en 2014. Parions qu’en 2018, les Québécois de toutes les régions du Québec tourneront le dos à la peur et choisiront encore une fois l’option de l’ouverture et, surtout, le parti du développement économique et social.
François Blais
Député de Charlesbourg, Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale