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Difficultés dans l’industrie québécoise du recyclage
QUÉBEC, le 3 juill. 2018 – Pour faire suite à la consultation élargie sur la collecte sélective tenue le 30 mai dernier, la ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Mme Isabelle Melançon, annonce la mise sur pied d’un comité de modernisation de l’industrie de la récupération et du recyclage.
Ce comité aura pour mandat de revoir les fondements mêmes du système actuel de gestion des matières recyclables et de recommander à la ministre des actions favorisant une meilleure qualité de la matière générée par les centres de tri. Cette matière doit être mieux adaptée pour approvisionner les recycleurs québécois, lesquels devront également faire partie de la solution.
La gouvernance des centres de tri québécois et la qualité de la matière qu’ils produisent seront au cœur des travaux du comité. Ce dernier relèvera directement de la ministre et sera coordonné administrativement par RECYC-QUÉBEC. Ses membres feront des recommandations sur les changements qui s’imposent, qu’ils soient réglementaires, législatifs ou administratifs, afin de favoriser un accroissement significatif de l’économie circulaire au Québec et de réduire, par le fait même, la dépendance des marchés aux aléas internationaux.
Le comité sera coprésidé par deux personnes qui savent allier habilement environnement et innovation, soit Mme Louise Hénault-Ethier, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, ainsi que M. Marc Olivier, professeur-chercheur dans le domaine des matières résiduelles au Centre de transfert technologique en écologie industrielle et membre du conseil d’administration du Conseil régional de l’environnement de la Montérégie.
Appui financier supplémentaire
La ministre Melançon a profité de l’occasion pour annoncer un appui financier supplémentaire de 10,6 M$ qui se déclinera en différentes mesures afin de soutenir davantage l’industrie de la récupération et du recyclage dans le contexte difficile que nous connaissons.
De cette somme, une enveloppe de 4,6 M$ servira à créer un nouveau programme d’aide financière afin d’épauler la filière québécoise de la récupération et du recyclage dans sa production de matériel répondant à des standards de qualité qui favoriseront un accroissement de l’économie circulaire. En complément à son mandat principal, le comité de modernisation de l’industrie de la récupération et du recyclage sera invité à valider et à bonifier rapidement les modalités de ce nouveau programme afin de s’assurer que les sommes qui y sont rattachées soient investies de façon optimale.
De plus, un second investissement de 6 M$ sera mis à la disposition de l’industrie. Le tout pourra notamment servir à poursuivre la modernisation des centres de tri afin d’améliorer la qualité de la matière, à financer certains projets mis en réserve dans le cadre du dernier appel à projets effectué par RECYC-QUÉBEC ou à soutenir tout autre projet recommandé par le comité.
Table de travail des recycleurs et des centres de tri
Parallèlement aux travaux du comité, RECYC-QUÉBEC coordonnera les travaux d’une table de travail qui regroupera des représentants de centres de tri et de recycleurs québécois. Cette table se concentrera principalement sur la question de l’utilisation locale et pérenne de la matière produite par les centres de tri. Les potentiels de développement et les conditions de succès qui s’y rattachent, de même que le partage des pratiques d’affaires des centres de tri les plus performants, seront également à l’ordre du jour.
Citations
Les citoyennes et les citoyens posent le bon geste en récupérant la matière dans leur bac bleu. Ils doivent continuer dans cette voie en faisant confiance aux services de collecte sélective. Nous devons donc nous assurer de la qualité des services offerts et que la matière recueillie ne se retrouve pas dans les sites d’enfouissement. Aujourd’hui, nous faisons un grand pas dans la modernisation de notre système de recyclage afin d’assurer une matière de qualité qui pourra être vendue à nos recycleurs et permettre l’implantation d’une réelle économie circulaire au Québec. Les actions que nous réalisons aujourd’hui, ainsi que les sommes annoncées, nous aideront grandement à atteindre ces objectifs.
– Isabelle Melançon, ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
La situation actuelle exige une certaine agilité et la mise en œuvre d’actions concrètes et cohérentes pour répondre aux multiples enjeux auxquels nous faisons face. Nous avons réuni autour d’une même table des experts grâce auxquels les actions pourront rapidement être évaluées et mises en application.
– Sonia Gagné, présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC
Composition du comité
- Le comité de modernisation de l’industrie de la récupération et du recyclage sera composé des personnes et organisations suivantes :
- Mme Louise Hénault-Ethier, coprésidente du comité et chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki;
- M. Marc Olivier, coprésident du comité et professeur-chercheur en gestion des matières résiduelles au Centre de transfert technologique en écologie industrielle;
- Mme Ginette Pellerin, qui cumule une expertise de directrice générale et d’administratrice de plusieurs sociétés de récupération et de recyclage;
- Mme Sara-Emmanuelle Dubois, présidente de NovAxia, spécialiste en protection de l’environnement et en gestion des matières résiduelles;
- M. Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets;
- M. Réjean Pion, administrateur de l’Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles;
- M. Richard Mimeau, directeur général du Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec;
- Mme Maryse Vermette, présidente-directrice générale d’Éco Entreprises Québec;
- Mme Sonia Gagné, présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC;
- M. Jasmin Savard, directeur général de l’Union des municipalités du Québec;
- M. Lionel Fréchette, administrateur de la Fédération québécoise des municipalités.
Faits saillants
- Le 30 mai dernier, plus d’une centaine de représentants directement impliqués dans la filière québécoise de la récupération et du recyclage ont pris part à une consultation élargie sur la collecte sélective. L’annonce de la création du comité de modernisation de l’industrie de la récupération et du recyclage et l’aide financière supplémentaire de 10,6 M$ sont deux actions concrètes qui en découlent.
- Le 25 janvier dernier, un nouvel appel à propositions doté d’une enveloppe de 3 M$ avait été annoncée par le gouvernement du Québec pour favoriser l’amélioration de la collecte sélective. Le 7 juin dernier, à la suite de cet appel à propositions, près de 3,45 M$ ont été accordés à sept projets de modernisation de centres de tri et de diversification de débouchés. Au total, les projets retenus généreront des investissements totaux de 16,2 M$.
- Le gouvernement du Québec a donc investi plus de 14 M$ dans les derniers mois afin d’améliorer la qualité de la matière issue de la récupération. Cette somme s’ajoute aux 25 M$ investis par le gouvernement dans les centres de tri au cours des dix dernières années.
- La performance du Québec en matière de collecte sélective en fait un leader à l’échelle canadienne et lui permet de bien tirer son épingle du jeu face à la crise mondiale du recyclage :
- Le Québec recycle 81 kg/hab. à un coût de 215 $ la tonne;
- L’Ontario recycle 65 kg/hab. à un coût de 309 $ la tonne;
- La Colombie-Britannique recycle 41 kg/hab. à un coût de 398 $ la tonne;
- Le Manitoba recycle 68 kg/hab. à un coût de 297 $ la tonne.
- Le Québec récupère annuellement plus de 1 million de tonnes de matières, dont 707 000 tonnes de fibres et 46 000 tonnes de plastique. De cette quantité, 80 % sont vendues aux fins de recyclage et 10 % sont valorisées autrement.
- Il est important de rappeler que les coûts de la collecte sélective représentent un montant annuel de l’ordre de 150 M$. De cette somme, 140 M$ sont compensés par les entreprises qui mettent en marché certaines matières désignées et sont inévitablement assumés par les clients de ces entreprises. Il est donc de la responsabilité collective de tous les intervenants de travailler à l’optimisation de ces sommes.